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fer, qui était resté au pied de son compagnon, et ils avaient déjà commencé à dégonder la porte de leur cachot, lorsque l’agent municipal, prévenu par le concierge, intervint, fit remettre aux deux prisonniers des fers plus étroits et mieux rivés et les fit descendre dans un des cachots de la forteresse, « très propre et très sain d’ailleurs, mais plus solide et plus sûr. »

En dépit de toutes les précautions, les évasions étaient fréquentes ; un relevé du registre des prisons constate à cette époque, mais à une date que nous n’avons pu préciser, la présence dans le château de cent soixante-seize détenus, répartis en chambrées de douze, quatorze, vingt-quatre, vingt-six, vingt-huit, vingt-neuf et quarante-trois individus des deux sexes, y compris même des enfants ! Avec un pareil nombre, la surveillance était difficile, et d’ailleurs la garde, mal organisée, était insuffisante. Au mois de brumaire an IV, vingt-cinq prisonniers venant de Tours arrivèrent à Loches. Ils paraissaient assez insoumis. Les gardes nationaux requis pour les garder montrèrent une mauvaise volonté évidente. On finit cependant par trouver quatre hommes qui consentirent à faire le guet moyennant un prix exorbitant. Quelques jours après, et en deux fois, sur les vingt-cinq prisonniers, douze s’étaient échappés.

Un règlement conçu dans le même esprit que les autres prescrivait encore, à la date du 13 nivôse an VIII, de visiter le logement et la personne même des détenus deux fois par jour. « Les articles 15 et 21 du Code pénal, portant qu’il ne sera fourni aux détenus, aux dépens de la maison, que du pain et de l’eau, on devra leur procurer un travail utile, dont ils ne puissent abuser, et dont le produit sera employé conformément à l’article 17 du Code pénal, savoir : un tiers à la dépense commune de la maison, les trois quarts des deux autres tiers pour leur procurer une meilleure