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À la même époque, une protestante fut aussi prisonnière au château, d’après la lettre de cachet suivante :

À Versailles, le 9 mai 1690.

Le roy envoye au château de Loches la femme d’un conseiller du Parlement de Thoulouze, laquelle est très opiniâtre dans la R. P. R. Vous pouvez la faire voir par des ecclésiastiques, pour tascher de la convertir, et au surplus la garder soigneusement, et empescher qu’elle n’escrive, ni reçoive aucune lettre, qu’elle ne passe par vos mains. Sa nourriture sera payée à vingt solz par jour, en cas que son mari n’y pourvoye pas.

SINGNELAY[1].

À M. le lieutenant de roy, à Loches.


Il ne reste à la prison aucune pièce d’archive pouvant présenter un caractère historique. Force nous est donc de laisser de nombreuses lacunes dans notre travail. Mais nous savons que M. le comte A. Boulay de la Meurthe est sur le point de publier une notice sur les prisonniers d’État à Loches, de 1650 à 1790, et d’autres documents du plus haut intérêt, tirés des Archives nationales. Cette publication, dont M. Boulay a bien voulu nous communiquer plusieurs extraits, fera la lumière sur des points encore inconnus de l’histoire du Donjon. C’est pour nous un devoir d’attendre l’apparition de son livre, et de nous en tenir à nos propres ressources, en regrettant les lacunes forcées et les intervalles trop grands que nous laissons dans la suite des faits.

Nous trouvons encore, au nombre des exilés, plutôt que des prisonniers, le célèbre La Chalotais.

Par suite des vexations du duc d’Aiguillon et de la tyran-

  1. Ce nom est ainsi écrit sur la copie que nous avons sous les yeux. Mais il est probable qu’il faut lire Seignelay. — La prisonnière se nommait Mme Paul.