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Navarre sut reconnaître la faveur du roi de France. Il s’acquit une grande réputation dans les guerres d’Italie, et se conduisit vaillamment à la bataille de Marignan. Fait prisonnier de nouveau au siège de Naples, il mourut en prison, étranglé, dit-on, par ordre de l’empereur. Ferdinand Gonzalve lui fit élever un tombeau, avec une épitaphe que l’on trouve dans Brantôme et dans le Journal de l’Estoile.

En 1523, au moment où le roi était sur le point de quitter la France pour aller à la conquête du Milanais, un complot d’une importance capitale et d’une hardiesse insensée fut découvert. Humilié par le roi dans maintes circonstances, dépouillé de la plus grande partie de ses biens par un procès que lui avait intenté la reine-mère, le connétable Charles de Bourbon avait prêté l’oreille aux propositions de l’empereur Charles-Quint. Il ne s’agissait de rien moins que du démembrement de la France. Le connétable devait épouser la sœur de l’empereur, Éléonor, veuve du roi de Portugal, avec une dot de 800,000 écus ; il rentrait dans la possession des biens qui lui avaient été enlevés, auxquels il joignait la Provence et le Dauphiné. L’empereur prenait le Languedoc, la Bourgogne, la Champagne et la Picardie ; le roi d’Angleterre recouvrait les anciennes provinces de la domination anglaise, avec la couronne de France ; et la succession éventuelle de l’empereur en cas de décès sans enfants appartenait au connétable.

Pour arriver à la réalisation de ce projet, le roi d’Angleterre entrait par le nord avec 15,000 hommes, tandis que l’empereur attaquait le midi avec 34,000, et que Marguerite de Flandre envoyait 4,000 hommes envahir la Picardie. On n’attendait pour cela que le moment où le roi serait engagé à fond dans son expédition du Milanais.

La reine-mère était à Cléry au mois d’août, lorsqu’elle