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poètes, de savants, d’artistes, de grammairiens, qui le regardaient comme leur Mécène.

Toute cette grandeur s’était écroulée dans la fatale matinée du lundi de Pâques 1500. Trahi par les mercenaires suisses de son armée sous les murs de Novare, Ludovic fut reconnu lorsqu’il essayait de s’échapper, confondu parmi les soldats, sous le costume d’un fantassin, la hallebarde sur l’épaule. Il se constitua prisonnier entre les mains du comte de Ligny, son parent, qui servait dans l’armée française.

On l’enferma d’abord au château de Novare, où il demeura du 10 au 15 avril sous la garde de M. de Ligny. Puis, mis aux mains de La Trémouille, il dut prendra la route de France. En passant par Asti, la populace l’accabla d’injures, criant sur son passage : Mora il Moro ! Meure le Maure ! Brisé par tant d’émotions, il tomba dans un tel état de langueur et d’épuisement, qu’on fut obligé de suspendre le voyage, et de s’arrêter à Suse pour lui permettre de reprendre quelques forces.

Arrive en France, il fut envoyé à Pierre-Encise, dans cette prison où Louis XII, quand il était encore duc d’Orléans, avait été mis par Charles VIII, après la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier. La, il parvint à corrompre ses gardiens et tenta de s’évader ; il y réussit, dit-on, en se cachant dans une charrette pleine de paille ; son ignorance des lieux le fit reprendre. Pour lui ôter toute possibilité de fuite, on le transfère dans la tour du Lys-Saint-Georges, ou grosse tout de Bourges, où il resta, quatre ans[1] sous la

  1. Nous avons cependant trouvé, en marge d’un vieil inventaire déposé aux archives de Loches, cette mention : « Au dit an 1501, Ludovio Sforce fut amené de la grosse tour de Bourges, et conduit à Loches »