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vouloir excuser cette longue série de crimes et d’atrocités qui fait du règne de Louis une des plus sombres époques de notre histoire, on ne peut s’empêcher de pensera cette lutte pour l’existence, self preservation, dont les théories ont été développées de nos jours par le savant Darwin. Louis XI était le plus fort. Il avait pour mobile, sinon pour excuse, une idée politique puissante, un but déterminé : l’unité de la France et la suprématie de la couronne. Chez ses ennemis, la grande idée, le but élevé font défaut. Ils n’agissent que pour leur ambition personnelle et étroite. Le roi avait pour lui la popularité, la ruse et la force. Aussi peu scrupuleux que ses ennemis, il n’hésitait pas à se servir de l’arme qu’il avait dans la main, cette arme fût-elle l’épée du soldat ou la hache du bourreau : la royauté triompha.

Après le comte d’Armagnac, ce fut le tour de son beau-frère le duc d’Alençon. Celui-ci avait déjà subi l’hospitalité royale au château de Loches, en 1456 ; à son avènement, Louis XI, dont il était le parrain, lui avait rendu ses biens et sa liberté. Loin d’être reconnaissant, le duc d’Alençon avait été, avec le comte d’Armagnac, l’un des chefs les plus ardents de la Ligue du Bien public, et il entretenait encore des intelligences avec le duc de Bourgogne, pour lui vendre ses places fortes de Normandie, ce qui eût permis à Charles le Téméraire de se joindre au premier jour avec son allié, le duc de Bretagne. Le roi, s’étant procuré les preuves de sa trahison, le fit arrêter à Bressoles et conduire de nouveau au château de Loches, dans la cage que le cardinal venait de quitter. Le 16 juin 1473, il le fit transférer au Louvre, et le 18 juillet de l’année suivante, par un arrêt rendu sous la présidence du chancelier d’Oriole, Jean le Bon, duc d’Alençon, fut condamné à mort pour la seconde fois et ses biens furent confisqués.

Il s’en fallut de bien peu que le roi ne vît pas l’issue de