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qui, sous les ordres du capitaine Archambault la Roque faisait souvent des sorties pour dévaster les environs. Le dauphin, craignant d’être investi, se sauva déguisé jusqu’à Moulins. Une partie de la ville de Loches fut dévorée par l’incendie, et le château fut forcé de faire sa soumission au roi. Charles VII cependant ne garda pas rancune aux Lochois, et leur accorda au contraire de nombreux privilèges pour les aider à construire leurs fortifications. Ses successeurs leur continuèrent la même faveur et leurs libéralités sont souvent motivées en des termes qui font l’éloge de la fidélité lochoise : « D’autant que les habitants ont exposé leurs corps et biens pour tenir ladite ville et chastel de Loches en la main du roy, dont ils ont reçeu de grandes pertes, à cause de la guerre et division qui a esté depuis peu à Loches » (1443) — « en faveur de la bonne amour, loyauté et obéissance que les habitants ont démonstrée par effect aux rois de France » (1498).

En 1456 Jean V le Bon, duc d’Alençon, ayant favorisé la révolte du dauphin, fut arrêté et conduit au château de Loches. Le 10 octobre 1458 il comparut à Vendôme devant un tribunal présidé par le roi, et où siégeaient tous les princes du sang et les pairs de France, les évêques, les baillis de Touraine, les trésoriers, etc. Trente-quatre conseillers au Parlement, deux avocats généraux, un procureur général et cinq greffiers complétaient cette importante assemblée. Le duc d’Alençon était assis au bas de l’estrade sur une escabelle ou sellette. La cour prononça contre lui la peine de mort, la déchéance de toutes ses dignités, et la confiscation de ses biens. Toutefois l’exécution fut différée jusqu’au bon plaisir du roi, et les biens du condamné, sauf le duché d’Alençon, furent restitués à sa femme et à ses enfants en souvenir des services rendus par ses ancêtres.