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occupé dans sa patrie, & qui n’abandonne ses occupations journalieres, que dans les occasions qui lui paroissent de la derniere importance ; ou de trouver dans le sein même de la Societé, & pour ainsi dire, sous sa main, des Savans toujours prêts & destinés à eclaircir les moindres difficultés, sur lesquelles le genie de leur Nation, & leur education, les mettent en etat des porter un jugement plus sûr.

De quel prix ne seroit pas une pareille facilité ? Que de petites questions decidées journellement, sur le rapport général de toutes les nations ? Que cette foule de petits eclaircissement aideroit aux plus grandes découvertes ? Chaque Academie deviendroit une espece de Congrés, où les moindres choses qui peuvent interesser le bien géneral des Sciences se decideroint : un Tribunal, où les moindres contestations seroient jugées, sans qu’aucune des parties interessées pût se plaindre de n’avoir pas été entendue.

Mais, pourroit-on m’objecter, les Mémoires des differentes Academies, & les Livres que publient leurs Membres, ne sont-ils pas des sources ouvertes, où on peut trouver les sentimens de toutes les Nations savantes sur les principales matiéres, & reconnoître, dans leurs idées & dans les pensées, ou du moins, dans la façon de les rendre, de l’homme le plus au dessus des prejugés de l’education ? J’en conviens en general, mais je dis, que ces Mémoires & ces Livres ne peuvent embrasser toutes les matiéres, sur lesquelles on pourroit desirer de savoir le sentiment de chacun. Quand nous supposerions que toutes les principales matiéres y fussent agitées, que de choses resteroient encore à desirer ? Ce Phénomene à été découvert dans un certain tems, & pour un certain objet : le Philosophe qui a travaillé en consequence de cet objet, a craint de s’en ecarter de peur de le perdre : Cette Piece de litterature à été faite dans une occasion particuliére ;