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position comme l’effet du hazard, la probabilité, que les 5. autres orbes ne doivent pas être renfermés dans cette Zone, est de 175 - 1 à 1 ; c’est à dire, de 1419856 à 1.

Si l’on conçoit comme Newton, que tous les corps celestes attirés vers le Soleil, se meuvent dans le vuide ; il est vrai qu’il n’étoit gueres probable que le hazard les eût fait mouvoir comme ils se meuvent. Il y restoit cependant quelque probabilité ; & dès-lors on ne peut pas dire que cette uniformité soit l’effet necessaire d’un choix.

Mais il y a plus : l’alternative d’un choix ou d’un hazard extrême, n’est fondée que sur l’impuissance, où l’on est dans le systeme de Newton, de donner une cause physique de cette uniformité. Pour d’autres Philosophes qui admettent un fluide qui emporte les Planets, ou qui seulement modere leur mouvement, l’uniformité de leur corps ne paroît point inexplicable : elle ne suppose plus ce singulier coup de hazard, ou ce choix ; & ne prouve pas plus l’existence de Dieu, que ne seroit tout autre mouvement imprimé à la Matiere.[1]

Je ne sai si l’argument, que Newton tire de la construction des Animaux, est beaucoup plus fort. Si l’uniformité qu’on observe dans plusieurs, étoit une preuve ; cette preuve ne seroit-elle pas démentie par la variété infinie qu’on observe dans plusieurs autres ? Sans sortir des mêmes elémens, que l’on compare un Aigle avec une Mouche, un Cerf avec un Limaçon, une Baleine avec une Huitre ; & qu’on juge de cette uniformité. En effet d’autres Philosophes veulent trouver une preuve de l’existence de Dieu dans la variété des formes, & je ne sai lesquels sont les mieux fondés.

L’Argument tiré de la convenance des differentes parties des Animaux avec leurs besoins, paroît plus solide. Leur pieds ne sont-ils pas faits pour marcher, leurs aîles pour voler, leurs yeux pour voir, leur bouche pour manger, d’autres parties pour reproduire leurs semblables ?

  1. Voyez la Piece de M. Dan. Bernoulli sur l’inclin. des plans des orbites des Planetes.