Page:Histoire de l'Académie Royale des Sciences et des Belles Lettres (1746).djvu/28

Cette page n’a pas encore été corrigée


On trouve encore par ci par là dans les Auteurs quelques fragmens imparfaits de la doctrine des anciens Egyptiens. Mais il s’en faut bien qu’ils puissent nous mettre au fait du veritable sentiment de ce peuple sur les elémens. Plutarque cependant en a touché quelque chose dans son traité d’Isis & Osiris, où il entreprend de devoiler les mysteres de leur Mythologie. Selon lui, les Pretres Egyptiens designoient sous le nom d’Osiris la nature active de l’univers, qui donne la forme & l’arrangement à la matiere ou a la nature passive indiquée par le nom d’Isis. Dans un autre endroit, Plutarque parle de trois principes ou Divinités Egyptiennes que l’on representoit sous la figure d’un Triangle equilateral, dont un coté indiquoit le principe actif ou Osiris, & l’autre Isis, ou le principe passif, qui reçoit l’action & l’impression du premier, & le troisieme l’effet qui en resulte que l’on nomme Orus ou l’univers. On voit par là que les Egyptiens ont imaginé ces principes primitifs pour être en etat d’assigner une source d’où les elemens eussent tiré leur origine.

Les Brachmanes, qui etoient les Philosophes des Indes, soutenoient, au raport de Megasthene cité par Strabon[1], que le monde tiroit son origine de l’eau. Philostrate assure, que selon leut doctrine, l’univers etoit composé de cinq Elemens, savoir la terre, l’eau, l’air, le feu & l’ether. Ils croyoient que les Dieux etoient formés de l’ether, & que ne respirant jamais que ce liquide incorruptible, ils etoient par cela même immortels, au lieu que les autres creatures qui respirent l’air sont toutes d’une condition mortelle.

Comme les Grecs nous ont conservé des fragmens des anciens Philosphes qui avoient fleuri dans les païs etrangers, avant que la Philosophie fut cultivée dans leur propre patrie, les meme Grecs font aussi mention de plusieurs de leur Nation, qui ayant vecû dans

  1. *