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perdus, ajoutant seulement en deux mots : φασχειν τε ἆρχην μἑν ἔιναι τὴν ὕλην, ἔιτα τὰ τέσσαρα ϛοιχεία ἐξ ἀυτὴς διακριθήναι. C’est à dire, qu’ils etablissoient la matiere pour principe de toute chose, ajoutant que les quatre elemens tiroient leur origine de la separation de ses differentes parties. Diodore de Sicile, qui avoit fait un voyage exprés en Égypte, pour être plus à portée, de s’instruire de l’histoire de cette célébre nation, & des Dogmes de leus Philosophes, Diodore, dis-je, nous apprend la meme chose mais d’une maniere plus circonstanciée. « Lors, dit-il[1], que l’univers commença à être formé, le ciel & la terre confondus ensemble avoient à peu prés la même forme, mais aprés que ces corps eurent été separés dans l’ordre que nous y voyons aujourdhui. L’air acquit une perpetuelle agitation, ses parties les plus subtiles, & qui participent à la nature du feu allerent se placer dans les regions les plus elevées, leur legereté naturelle leur donnant cette tendance. C’est pas la meme raison que le Soleil & les autres astres accomplissent leur revolutions dans les lieux les plus elevés. Les parties grossieres & bourbeuses de la matiere etant detrempées par l’eau, furent portées vers le bas par leur pesanteur, & se rassemblerent dans un même lieu, comme une espece de sédiment. L’agitation perpetuelle de cette matiere convertit ses parties humides en eau, pendant que les plus solides formerent une terre molle & bourbeuse &c. » Pour ne pas trop m’ecarter des elemens dont je traite, je passe tout ce que l’Auteur ajoute sur la matiere dont cette terre molle & bourbeuse fut mise en fermentation par les rayons du Soleil, & souffrit une espece de putrefaction qui la rendit propre à concevoir & à produire des animaux de toute espece, qui etant nourris de nuit par les brouillards & consolidés de jour par la chaleur du soleil, perpetuerent ensuite leurs especes par les voyes ordinaires de la propagation.

  1. Liv. I. ch. 13