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pour principe de toutes choses un air ténébreux & plein d’esprits, ou le souffle d’un air ténébreux & un chaos confus & environné de ténébres. Il vint ensuite un tems, dit-il, où l’esprit commença à devenir amoureux de ses propres principes & à se mêler avec eux. Cette union fut appellé désir, & c’est la le principe, ou la creation de toutes choses. L’esprit ne connoissoit pas sa propre production, & de cette conjonction de l’esprit se forma Mot, que quelques uns disent être le Limon, & d’autres la putrefaction d’une mixtion aqueuse, d’où viennent les semences de toutes les creatures, & la generation de tous les corps &c. Mais il faut en verité avoir perdu le sens comun, pour chercher un principe actif & une substance formatrice jusques dans le limon.

Les anciens Perses ont suivi les Dogmes de leur premier Philosophe Zardusht, auquel les Grecs donnerent longtems aprés le nom de Zoroastre. Ils tenoient le feu pour principe de toutes choses, prétendant qu’il est doüé d’une raison & d’une intelligence plus pure, à proportion qu’il tire vers la source de la lumiere. Ils appèlloient ce principe Oromazes, & donnoient le nom d'Arimanes aux ténébres qui lui sont opposées. Entre les deux principes, ils plaçoient un médiateur, une divinité mitoyenne, qu’ils appelloient Mesites, ou Mithra, & dont l’office etoit de diriger les deux autres dans la production des choses.

Il est bien difficile de developer les veritables sentimens des Egyptiens sur les Elemens. Les Pretres, uniques dépositaires, des Arts & des Sciences, avoient trouvé le secret de les cacher si bien sous le voile de leurs Hieroglyphes, que le veritable sens de leurs dogmes a toujours été un enigme, non seulement pour le peuple, mais encore pour le Philosophes de tous les Siecles. Diogene Laërce cite[1] sur cet article les Livres de Manethon & d’Hecatée qui sont

  1. in Prooem.