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LES HOMOSEXUELS

et par les charmantes geishas. Une Carmen aux yeux pleins de feu, mais un jockey en extase ; un Italien se lie d’amitié avec un bonhomme de neige. Toute cette assemblée bigarrée, joyeuse et pleine d’entrain offre un spectacle vraiment curieux. D’abord les convives se réconfortent devant les tables bien servies et ornées de fleurs. La maîtresse de maison en robe de velours flottante, salue ses hôtes en un speech court et énergique. On enlève les tables. Les sons du « Danube bleu » retentissent et la danse commence. On entend, des salles voisines, les rires, les cliquetis de verres et les chants entraînants, mais nulle part on ne verra franchir les bornes de convenances. Aucune dissonance ne trouble cette joie générale, jusqu’au moment où toutes les convives quittent ces lieux, dans lesquels elles ont pu, au milieu de leurs semblables, rêver pendant quelques heures. S’il vous arrive une seule fois de participer à une fête pareille, — conclut Mme R…, vous en sortirez persuadé, pour le reste de votre vie, que les uraniennes sont injustement calomniées, que, là comme partout, il y a de braves gens et de mauvaises gens, bref que la disposition homosexuelle ne peut pas être une marque décisive de malhon-