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LES HOMOSEXUELS

que lui — un cultivateur peu instruit, un artisan, un ouvrier — espère profiter au point de vue intellectuel de son commerce avec l’homosexuel. Ce dernier lui fournit de bons livres, lui parle des faits du jour, le conduit dans les musées, lui apprend à surveiller sa tenue. À part cela, le personnage comique de l’uranien, le fait souvent rire ; quand son ami le soir lui roucoule des couplets ou se couvrant le chef d’un abat-jour danse devant lui en se ceignant les reins d’un tablier, le soldat, grand enfant, s’amuse beaucoup. Autres raisons encore, le manque d’argent et la privation de femmes — qu’il ne paie du reste pas — mais dont il se défie par crainte des maladies vénériennes, lui, qui là-bas, a juré fidélité à sa fiancée et qui le lui rappelle timidement dans ses lettres.

À proximité des cabarets que nous avons décrits, il y a des promenades où les soldats « font la retape » soit isolément, soit en groupes, cherchant ainsi à se rapprocher des homosexuels. Un uranien, homme de grande expérience à ce point de vue et qui a beaucoup voyagé, m’a fait part d’une observation très importante et que nous avons pu contrôler ensemble : la « prostitution soldatesque »