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LES HOMOSEXUELS

baisers chastes d’amitié. Il faut voir, comme ils gesticulent ensuite, se font des compliments ; se retirent les épingles à chapeau, s’aident à ôter les pardessus, s’arrangent mutuellement les plis de leurs vêtements, gagnent ensuite leur place et commencent la conversation : « Avez-vous déjà entendu, ma chère ? » Tout cela est d’un comique indescriptible. Quelques noms honorés comme la « Baronne », la « Directrice », la « Chambre séparée » sont salués avec des marques spéciales de joie et de respect ; les retardataires sont accueillis avec des reproches bienveillants. Une heure après l’heure fixée tout le monde se met à table. C’est alors que commencent les caquetages, bavardages, cris de joie tels qu’un vrai homme en serait saisi de peur. Et avec quelle rapidité disparaissent les monceaux de gâteaux et les torrents de café. Après avoir satisfait aux besoins de la langue et d’estomac, voici les ouvrages à main : on fait du crochet, on tricote, on coud, on répare, et en même temps, les artistes qui ne manquent jamais dans les réunions uraniennes, amusent les convives par leurs chants, déclamations, conférences. Mais la gaieté arrive à son point culminant lorsque l’hôte, accompagné par les applaudissements des convi-