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LES HOMOSEXUELS

On a vu des uraniens arrivant du fond de leur province, pleurer d’attendrissement à ce spectacle.

Dans ces tavernes tout se passe très discrètement ; aussi les agents de la police secrète n’ont-ils jamais l’occasion d’intervenir.

Rodolphe Presber a esquissé dans un feuilleton, sous le titre Les types de la capitale, un tableau véritablement vécu d’une de ces tavernes uraniennes.

« Nous fîmes la dernière halte de notre intéressante pérégrination dans un restaurant du meilleur genre. Ce ne sont plus ici les marches usées, claquant sous les pieds, auparavant entrevues, mais un escalier très propre. Meilleur quartier, meilleure maison. L’arrangement des pièces y est confortable, non dépourvu d’une certaine allure familiale. Sur les murs, des tableaux aux cadres dorés. Au lieu de l’affreux orchestrion des bouges précédents, voici un élégant piano avec tous les morceaux du répertoire. Un artiste de talent est assis devant le clavier, tandis qu’auprès de lui se tient un adolescent maigre, à la barbe naissante, aux gestes efféminés, un sourire doux et un peu contraint éclaire son visage, sa tête pommadée s’adorne d’un chapeau de