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LES HOMOSEXUELS

il reste abandonné, perd toute tenue, cherche des consolations dans l’alcool ou dans la morphine et finalement a recours à l’arme libératrice. Je connais beaucoup de tragédies analogues ; il y a quelques semaines un jeune lieutenant finit de la même façon pour « cause de dettes » dirent les journaux ; mais la cause initiale fut plus profonde ; c’était la même aventure que celle citée plus haut ; — il a succombé à l’homosexualité.

Il y a quelques jours, j’ai enlevé à un professeur homosexuel le flacon d’acide prussique. Il n’a commis aucun délit punissable ni aucune action homosexuelle ; il était entré récemment dans l’enseignement ; son directeur reçoit une lettre accusant le jeune maître de pédérastie ; appelé devant son chef, il avoue avoir cette prédisposition, on lui donne le bon conseil de demander sa mise en congé ; il le fait, mais n’a pas le courage de l’avouer à sa pauvre mère qui s’était saignée pour faire de lui un professeur. Et maintenant le voilà à la recherche d’un emploi, dans ce grand Berlin, où il y a beaucoup de places et plus encore des gens sans places.

J’ai réussi à préserver du suicide plus de vingt homosexuels dans ces dernières huit années ; je ne