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LES HOMOSEXUELS

sulta plusieurs médecins aliénistes, qui lui donnèrent des conseils différents et, du reste, inefficaces. Il se mit alors lui-même, à l’étude de la littérature concernant ce sujet et finit par reconnaître que cet enfant était un homosexuel de naissance ; quand son fils dut s’établir, il ne s’opposa pas à ce qu’il prît son ami avec lui ; bien plus, ces excellents parents reportèrent leur pleine affection sur ce jeune homme qui sortait d’une couche sociale inférieure. Les deux amis avaient, l’un sur l’autre, une bonne influence morale ; tandis que chacun d’eux isolé, aurait eu de la peine à se frayer un chemin dans la vie, les deux ensemble réussirent très bien. La science et la bonne éducation de l’un furent heureusement complétées par l’énergie et l’esprit d’économie de l’autre.

Sur son lit de mort, le vieux médecin dit ses derniers adieux à sa femme et à ses « deux petits ». L’aspect de ces trois êtres humains unis dans les larmes et la douleur, pendant que le chœur entonnait le chant de Mendelsohn : « Ainsi en décida la volonté divine », impressionnait l’âme un peu plus profondément que l’oraison funèbre d’un jeune curé faisant d’une voix fluette l’éloge du défunt qu’il ne connaissait pas.