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LES HOMOSEXUELS

tonique se voue non à une Union, mais plutôt à une personne unique, en laquelle il a trouvé la satisfaction de ses goûts. Combien de ces hommes ne laissent pas leur protégé achever son éducation, étudier, mais l’emmènent en voyage avec eux, lui font des rentes, l’adoptent, le couchent sur leur testament, se remuent pour lui avec un zèle intense, sans que cela aille jusqu’à un baiser, oui, sans qu’ils aient eux-mêmes, le soupçon des fondements sexuels de leur propre inclination. Et cependant ils n’attendent pas moins jalousement, ils ne lisent pas moins passionnément les lettres de l’aimé, qu’un fiancé celles de sa fiancée. Et il est encore plus rare que celui qui bénéficie de rapports de ce genre, y voie clair dans la vraie nature de son « paternel » ami. Lui et sa famille ils ont la bouche pleine de louanges sur « l’excellent cœur » de leur meilleur ami.

Tout cela n’empêche pas le jeune homme d’invectiver bravement les homosexuels, sans qu’il se doute combien par là il blesse celui qu’il ne devrait jamais blâmer.

Je citerai ici des vers adressés par un monsieur berlinois à son ami. Ils feront toucher du doigt, combien il est difficile de fixer pour ces senti-