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UN VIEUX BOUGRE

dre aveu, il chérit celle qu’il épousa et qui obéissait à la même discrétion. Ils ensevelirent ensemble la délaissée quand elle eut, avec le dernier hoquet, rendu la plainte suprême de son grand cœur.

Ils vécurent côte à côte, tributaires de cet exemple mélancolique, comme deux bleuets jumeaux vivent de la même sève, perdus parmi la mer de froment. Le fils né de leurs enthousiasmes les resserra davantage, si proches qu’ils eussent été. Tâcherons laborieux, ils versaient leur sueur à la terre et ils épargnaient de quoi posséder quelque jour le champ qui marquerait, entre les vastes cultures, l’origine des biens que posséderait la descendance des Michel.

Gaspard lisait la fâcheuse lettre. À l’épier, le mari et la femme oubliaient ces choses ; mais ils se rappelaient le retour de l’ancien par une nuit d’été présente à toutes les mémoires.

Un orage sévissait, tel que l’effroi délia la langue d’un muet. On appréhendait des miracles, à voir les crevasses du ciel vomir le feu. Les chiens hurlaient. Hennissements, meugle-