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UN VIEUX BOUGRE

— Imbécile ! fit Gaspard ; et, arrachant le couteau de la plaie, il se releva.

Il mit sans hâte les gros souliers qu’il avait achetés à Paris, il boucla sa ceinture, endossa la vieille veste où sa fortune était cachée et, par-dessus, il s’habilla d’une blouse. Ayant pris son chapeau, son bâton ferré, la sangle de sa musette à l’épaule, prêt à partir, il resta aux écoutes et il guetta le rectangle obscur que formait au plafond la trappe ouverte.

— Ah !… tant pis ! Il l’ fallait !… s’écria-t-il en sortant.

Le printemps embaumait. C’était une de ces nuits où la clarté des astres parait la cause même du silence pur.

Gaspard huma l’espace, il se roidit, et, prenant le milieu de la route, il s’éloigna, d’un pas égal. Il ne se retourna point. Derrière lui, c’était l’immuable passé.

Il allait, haut et maigre, sans daigner voir plus bas que les étoiles. De tels souvenirs le hantaient qu’il se fiait au hasard avec ivresse. Au delà de la plaine beauceronne, il pressentait les lieux déserts, arides, qui, pareils à