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UN VIEUX BOUGRE

par elles. Et, de les accumuler, il croyait enfermer dans sa maison, pour en jouir à son heure, les joies qu’elles vaudraient à d’autres s’il permettait qu’elles lui échappassent. C’est pourquoi il les baisait, il les palpait, et, quand elles glissaient entre ses doigts, il se rappelait la fuite caressante des chevelures, la fraîcheur que la menace du viol donne à la peau, et il se souvenait de sensations beaucoup plus rares. En cet état, avec une incroyable lucidité, il prévoyait l’avenir, et il examinait les moyens de leurrer ses héritiers.

Il avait envisagé les plus folles hypothèses ; mais il s’en tint au plan très sage de vendre ses terres, une à une, d’abord celles qui étaient convoitées, les autres ensuite, sans montrer d’impatience. Il ne s’en ouvrait pas aux siens. Ils le connurent par les nouveaux propriétaires, quand ils prenaient possession du fonds. Ce qui restait aux Michel ne suffirait pas à leur subsistance. Outre le dépit d’avoir labouré, fait les semailles, conduit la herse, et de perdre sa part de la prochaine récolte,