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UN VIEUX BOUGRE

dirent des mois leur vengeance… J’avais fini par croire qu’y n’avaient rien vu, ni les enfants du mort… et je r’prenais mes habitudes de sortir à la fin du jour, pour aller voir les fermes ou les maisons perdues… Une fois comme je r’venais… la roulotte était partie… et j’ai trouvé la Mabrouka la gorge ouverte… Et voilà une histoire de vieux bougre…

Il précisa :

— C’était dans un bois de la Pologne prussienne…

Ayant dit, il se frotta les paupières. Le jour poignait. Gaspard se remémorait d’autres aventures de sa longue existence. Il conclut :

— Michel, mon garçon… ça vaut qu’on m’respecte chez moi… sans m’vanter… Et si j’ai causé aujourd’hui, c’est pour t’apprendre pourquoi qu’j’ai été l’grand Gaspard partout où il y a des hommes sans peur… Et, maint’nant, passe-moi l’rhum… la soif me r’prend…

Michel obéit, dominé par la grandeur farouche de l’aïeul.