Page:Hirsch - Un vieux bougre, 1908.djvu/195

Cette page a été validée par deux contributeurs.
191
UN VIEUX BOUGRE

trois, tête basse, le pas lourd, et Mlle Youyou le plaignait.


Pendant qu’ils avaient été côte à côte, sur la route, ils n’avaient échangé que deux paroles. La ligne des toitures écrasées sous l’énorme ciel, la poudre de mondes étincelant autour de la lune nacrée, l’air immobile, le silence, tout les avait unis dans l’impression de leur petitesse ; et ils respiraient à pleine poitrine pour se sentir vivre.

Michel nommait mentalement les possesseurs des champs qu’il devinait à la moindre ondulation du terrain ou à quelque bouquet d’arbres.

Mlle Youyou se rappelait l’atelier, des visages d’ouvrières, le contremaître maussade, les sacs de perles où elle puisait pour fabriquer avec du laiton les fleurs durables qui couronnent les tombes nouvelles. Elle pensait aussi au drame veillé par la clarté chiche filtrant entre les interstices des volets, derrière son dos ; et elle se retournait afin de l’épier.