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s’effrayait des allures de ranimai, Jock mit le chien dehors. Après quoi il exposa au feu ses souliers mouillés, et, tout en faisant sécher ses bas, promena ses regards autour de la petite pièce.

« Quel joli couteau vous avez ! » s’écria-t-il bientôt en prenant sur la table un très beau couteau de poche.

Bagshaw leva les yeux : une sorte de sourire illumina sa face bourrue,

« Il sera à vous, jeune homme, si vous voulez me rendre un service. Procurez-moi ce papier que M. Grimshaw examinait avec tant de soin. Vous avez témoigné, vous-même, le désir de le voir.

— Si vous désirez en prendre connaissance, pourquoi ne demandez-vous pas à M. Grimshaw de vous le montrer ?

— Non, non, je ne veux pas de cela. Vous demanderez ce papier comme pour vous ; puis, à l’insu de votre oncle, vous trouverez le moyen de me le passer pour que j’y jette un coup d’œil. »

Jock laissa tomber le couteau et se retourna indigné.

« Croyez-vous que je consente à faire cela pour aucun prix ? Je dirai à votre maître que vous êtes un vieux fripon. »

L’enfant saisit ses souliers et s’enfuit de la chaumière, poursuivi par les insultes du fermier.

Une fois dehors, se sentant protégé par Tramp, il s’assit pour mettre sa chaussure et réfléchit à la proposition qu’on venait de lui faire.

Il y avait en ces lieux quelque mystère. Jock, l’esprit rempli d’histoires qu’il avait lues, était persuadé qu’if s’agissait d’un trésor ; son oncle voulait le trouver sans éveiller les soupçons, et Bagshaw avait résolu de le voler. En tout cela, il ne voyait qu’une aventure à laquelle il aurait le plaisir de prendre part. Un seul point l’embarrassait : devait-il raconter à son oncle ce qui venait de se passer ? il hésitait, dans la crainte de provoquer une scène semblable à celle qui l’avait tant effrayé lors de leur première visite à Beggarmoor.

Finalement, il se décida à se taire pour le moment en essayant de prémunir son oncle contre la fourberie de cet homme. Sa résolution arrêtée, il partit en courant rejoindre