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BOURSES DE VOYAGE

sur l’Alert ni sur un autre navire. Il est donc permis de croire qu’il n’y est point connu… D’ailleurs, que nous ayons quelque danger à courir, je l’accorde, et cela en vaut la peine, cette somme promise par Mrs Kethlen Seymour aux boursiers d’Antilian School…

— Je pense comme Harry, dit alors John Carpenter. C’est un coup à risquer !… L’important était de quitter Queenstown, et nous en voici déjà à une trentaine de milles… Quant à la prime que doit toucher chacun de ces jeunes gentlemen…

— Chacun de nous la touchera tout entière, répondit Harry Markel, puisque nous ne sommes que dix, comme ils sont dix.

— Bien calculé, déclara le maître d’équipage, et, en y ajoutant la valeur du trois-mâts, bonne affaire !… Je me charge d’en faire comprendre les avantages à nos compagnons…

— Qu’ils comprennent ou non, répondit Harry Markel, c’est résolu. Que chacun veille à remplir son rôle pendant la traversée et ne se compromette ni en actes ni en paroles ! J’y tiendrai la main ! »

Finalement, Corty se rendit aux arguments d’Harry Markel, et, peu à peu, ses inquiétudes se calmeraient, en songeant aux bénéfices de l’affaire. Puis, ainsi que l’avait dit John Carpenter, les prisonniers de Queenstown étaient maintenant à l’abri de la police, et, en mer, ils n’avaient à craindre aucune poursuite.

Bref, le plan d’Harry Markel, si audacieux qu’il fût, reçut l’approbation générale, et il n’y eut plus qu’à laisser marcher les choses.

Pendant la matinée, Harry Markel voulut encore revoir les papiers du bord, et plus spécialement ceux du capitaine Paxton en ce qui concernait le voyage et l’exploration des Antilles, conformément au programme.

Sans doute, à tous égards, il eût été préférable de rallier directement la Barbade, où les passagers devaient rencontrer Mrs Kethlen Seymour et toucher la prime en question. Alors, au lieu d’aller d’îles en des, Harry Markel, en quittant la Barbade, aurait mis le cap au large… Dans la nuit, les passagers eussent été jetés à la mer. Puis l’Alert se fût dirigé vers le sud-est, afin de doubler le cap de Bonne-Espérance.

Mais Mrs Kethlen Seymour avait tracé un itinéraire auquel il fallait se conformer en tous points. M. Horatio Patterson et ses compagnons de voyage le connaissaient, et, à son tour, Harry Markel en dut prendre connaissance.

Cet itinéraire avait été logiquement établi, puisque l’Alert devait atteindre l’Antilie par le nord et suivre le long chapelet des îles du Vent, en descendant vers le sud.

La première escale se ferait à Saint-Thomas et la seconde à Sainte-Croix, où Niels Harboe et Axel Wickborn mettraient le pied sur les possessions danoises.

La troisième escale permettrait à l’Alert de mouiller au port de Saint-Martin, qui est à la fois française et hollandaise, et dans laquelle était né Albertus Leuwen.

La quatrième escale s’effectuerait à Saint-Barthélemy, seule possession suédoise des Antilles, lieu de naissance de Magnus Anders.

À la cinquième escale, Hubert Perkins visiterait l’île anglaise d’Antigoa, et, à la sixième, Louis Clodion l’île française de la Guadeloupe.

Enfin l’Alert débarquerait, pendant les dernières escales, John Howard à l’île anglaise de la Dominique, Tony Renault à l’île française de la Martinique et Roger Hinsdale à l’île anglaise de Sainte-Lucie.

Après ces neuf relâches, le capitaine Paxton devait mettre le cap sur l’île anglaise de la Barbade, où résidait Mrs Kethlen Seymour. Là, M. Horatio Patterson présenterait les neuf lauréats d’Antilian School à leur bienfaitrice. C’est là qu’ils la remercieraient de ses bontés ; c’est de là qu’ils repartiraient pour revenir en Europe.

Tel était le programme destiné à être suivi