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n’était pas moins ardent à découvrir ce qui avait été pour lui le principal motif de son retour à Arlempdes…

Et, cependant, ils ne s’étaient point rencontrés encore dans cette campagne d’investigations.

Quinze jours s’étaient écoulés depuis l’arrivée de M. et Mme Murcy.

Pas un meuble, pas un tiroir secret qui n’eussent été inspectés à fond par Hervé et son ami.

Cette fois, il fallait y renoncer : on n’apprendrait rien sur place.

De Kosen se rendit au Puy.

Son notaire lui confirma que sa vieille voisine était bien Mme Andelot, la veuve de l’ancien régisseur. Il lui mit sous les yeux l’article du testament de son grand-père, assurant à M. et Mme Andelot une rente viagère de quatre mille francs, et leur léguant en toute propriété la maison qu’ils occupaient à la lisière du parc.

Mais là se bornèrent les informations que recueillit Hervé.

Rien, dans les minutes des actes déposés à l’étude, qui jetât la moindre lueur sur les ténèbres dont s’enveloppait le secret de famille.

La baronne douairière de Kosen avait pris ses précautions pour cela, il est vrai.

Durant son dernier séjour à son château de Vielprat, elle était venue en personne retirer de chez son notaire certains documents à lui confiés.

« Lesquels ? s’informa Hervé en recevant cette communication.

— Je l’ignore, repartit son interlocuteur. C’est mon père qui était alors titulaire de l’étude ; il est mort depuis quelques années, et lui seul eût été à même de vous renseigner.

— Vous n’avez pas la liste des minutes qui constituaient jadis notre dossier ? insista de Kosen.

— Cette liste a dû être modifiée à l’époque où madame votre mère retira quelques pièces, car, vous pouvez vous en assurer par vous-même, celle qui existe correspond exactement aux minutes que nous venons de parcourir ensemble.

« Les instructions laissées par Mme la baronne de Kosen se résumaient à ceci :

— Vendre la propriété de Vielprat, à n’importe quel prix. « Elle déclarait se porter fort vis-à-vis de ses enfants mineurs et s’engageait à rembourser ce qu’ils jugeraient avoir perdu du fait de cette vente… Se débarrasser de Vielprat était son idée fixe. J’ai là des monceaux de lettres où elle insiste, commande de faire de nouvelles affiches, exige une mise en adjudication… J’ai essayé à plusieurs reprises, mais en vain… C’est loin, à l’écart, et puis, il y avait cette question de mineurs, qui, plus tard, pouvaient se refuser à ratifier la vente… Bref, je n’ai pas réussi à cette époque, ni depuis : encore que la question de minorité ait cessé d’être un obstacle à la réalisation de cette affaire.

— Je m’en applaudis, déclara Hervé. J’adore ce pays : je compte y passer la moitié de l’année. »

Le lendemain, il regagnait Arlempdes.

Il était aussi peu avancé qu’en partant, et cela l’attristait. De quel côté se tourner ? À qui demander ?… et demander quoi ?…

La situation était vraiment bizarre.

Mais une bonne nouvelle l’attendait à Vielprat : René avait découvert le fameux escalier. Seulement, cet escalier montait vers la maison Andelot et y aboutissait par une ouverture prise dans le toit.

« Ceci ne me rappelle rien, murmura Hervé, lorsqu’à sa descente de voiture Yucca lui donna ce détail. Peut-être n’est-ce pas celui dont j’ai une vague souvenance ; enfin, je verrai bien. »

Dès après le déjeuner, tout le monde se rendit dans le parc.