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« Souvent, ô noble bête, mon père, monté sur toi, a défait dans la bataille de vigoureux ennemis ; aujourd’hui, je veux arriver à la suprême béatitude : donne-moi ton aide, ô Kanthaka. Les compagnons de guerre ou de plaisir sont faciles à trouver ; les amis ne vous manquent pas, quand vous allez à la conquête de la richesse ; mais compagnons et amis vous abandonnent quand vous suivez la voie de la piété. Or qui se fait l’auxiliaire d’un autre pour le bien ou pour le mal participe au bien ou au mal, j’en ai conscience. La vertu me fait agir, tu le comprends, ô Kanthaka ; prête-moi ta vitesse et ta vigueur ; il y va de ton salut, il y va du salut du monde. »

Quand il eut dit son désir à Kanthaka comme à un ami, le prince impatient se mit en selle. Il semblait le soleil chevauchant un nuage d’automne.

Le bon cheval se garda de faire aucun bruit dans la nuit sonore. Nul serviteur ne s’éveilla, nul habitant de Kapilavastou. Des barres de fer, très lourdes, tenaient fermées les portes de la ville ; un éléphant ne les eût soulevées qu’avec peine ; mais, pour que le prince passât, les portes s’ouvrirent d’elles-mêmes, silencieusement.

Abandonnant son père, son fils et son peuple, Siddhârtha sortit de la ville, sans regret, et, d’une voix ferme, il cria :

« Tant que je n’aurai pas vu le terme de la vie