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laisserais aller à l’amour ? L’homme qui connaît la mort, et qui pourtant va vers l’amour, de quel métal est-il donc fait ? Un garde cruel est à sa porte, un garde implacable, et il ne pleure pas ! »

Le soleil était au couchant. Les femmes ne riaient plus ; le prince ne regardait pas les guirlandes ni les joyaux qui les paraient, elles sentaient que toutes leurs mines seraient vaines ; et, lentement, elles prirent le chemin de la ville.

Le prince rentra au palais. Le roi Çouddhodana apprit d’Oudâyin que son fils fuyait les plaisirs et il ne dormit pas cette nuit-là.

Gopâ attendait le prince. Il se détourna d’elle. Elle fut inquiète, et, comme elle venait, à grand’peine, de s’endormir, elle eut un songe :

Toute la terre était ébranlée ; les plus hautes montagnes vacillaient, un vent farouche agitait les arbres ; il les brisait, il les déracinait. Le soleil et la lune, ainsi que les étoiles, étaient tombés du ciel sur la terre. Elle, Gopâ, n’avait plus ni robes ni parures ; elle avait perdu sa couronne, elle était toute nue. Ses cheveux étaient coupés. Le lit nuptial était brisé ; les vêtements du prince et les pierreries qui les ornaient étaient épars sur le sol. Des météores planaient sur la ville ténébreuse, et le Mérou, roi des montagnes, tremblait.