Page:Herold La Vie du Bouddha.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bâton, ses yeux n’ont pas de lumière, ses jambes se dérobent. Est-il un monstre ? Est-ce la nature qui l’a fait ainsi ? Est-ce le hasard ? »

Le cocher n’eût pas dû répondre à la question du prince ; mais les Dieux égaraient son esprit, et, sans comprendre sa faute, il parla :

« Celle qui détruit la beauté, qui ruine la force, qui enfante la douleur et qui tue le plaisir, celle qui appauvrit la mémoire et qui abat les sens, la vieillesse s’est emparée de cet homme et l’a brisé. Lui aussi fut un enfant qui buvait le lait de sa mère, lui aussi se traîna sur le sol ; il grandit, il fut jeune, il eut la force et la beauté ; puis, il arriva au déclin de l’âge, et, maintenant, tu le vois tout délabré par la vieillesse. »

Le prince, ému, demanda :

« Subirai-je, moi aussi, un pareil sort ? »

Le cocher répondit :

« Pour toi aussi, seigneur, passera la jeunesse, pour toi aussi viendra la vieillesse incommode ; avec le temps, nous perdons la vaillance et la beauté. »

Le prince frémit comme un taureau qui entend gronder la foudre ; il soupira longuement, il secoua la tête ; ses yeux allèrent du triste vieillard à la foule joyeuse, et il dit des paroles graves :

« Ainsi donc la vieillesse détruit chez tous les hommes la mémoire, la beauté, la force, et le