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Le Bienheureux ne perdait rien de son calme.

Alavaka, pourtant, parvint à se maîtriser un peu. Il songea alors qu’il vaincrait peut-être par la ruse celui qu’il haïssait. Il s’efforça d’adoucir le ton de sa voix, et il dit :

« Seigneur, tu es un sage, je le vois, et j’ai toujours pris plaisir à interroger les sages. Je leur pose quatre questions. S’ils me répondent, ils sont libres d’aller où ils veulent ; s’ils ne me répondent pas, ils demeurent mes prisonniers, et je les dévore quand j’en ai la fantaisie.

— Pose les quatre questions, dit le Bouddha.

— Sache, reprit Alavaka, que personne jusqu’ici n’y a répondu ; çà et là, tu trouverais les os des sages que j’ai interrogés.

— Pose les quatre questions, répéta le Bouddha.

— Eh bien donc, dit Alavaka, comment l’homme peut-il échapper au fleuve des passions ? Comment peut-il traverser la mer des existences et gagner le port ? Comment peut-il ne pas subir les tempêtes méchantes ? Comment peut-il n’être pas harcelé par l’orage des désirs ? »

D’une voix tranquille, le Bouddha répondit :

« L’homme échappe au fleuve des passions s’il a foi en le Bouddha, en la loi et en la communauté ; il traverse la mer des existences et gagne le port s’il connaît les œuvres saintes ; il ne subira pas les tempêtes méchantes s’il pratique les œuvres