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« Je mourrai dans la joie ; j’ai vu le Bienheureux, et il m’a été donné de l’embrasser. »

Il passa. Il arriva dans une forêt profonde. Là, vivait, avec des gardiens, un troupeau de buffles. Un de ces buffles était très fort. Il était méchant. Il pouvait à peine supporter ses gardiens, et dès qu’il sentait l’approche d’un homme autre qu’eux, il se préparait à combattre. Quand il le voyait il l’attaquait, et il était rare que, de ses cornes, il ne le blessât pas cruellement ; souvent, il le tuait.

Les gardiens aperçurent le Bienheureux qui s’avançait tranquillement et ils lui crièrent :

« Prends garde, passant. Évite-nous. Il y a ici un buffle féroce. »

Mais il ne tint aucun compte de leur avertissement. Il allait droit où paissait le buffle.

Tout à coup le buffle dressa la tête ; il renifla bruyamment, puis, les cornes en bataille, il courut sur le Maître. Les gardiens tremblaient : « Nos voix étaient trop faibles, se disaient-ils ; on ne nous a pas entendus. » Et, soudain, ils virent la bête s’arrêter ; elle s’agenouillait devant le Maître et lui léchait les pieds. Elle avait des regards contrits.

Le Maître caressa le buffle ; il lui parla d’une voix douce :

« Dis-toi que rien n’est stable dans le monde ; il n’y a de calme qu’au nirvana. Ne pleure pas.