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Ganga résolut d’aller à la fête : sa vie quotidienne n’était pas des plus gaies. Mais il ne voulait point montrer Viroupâ à ses amis ; il avait peur d’être raillé. « Je paierai les cinq cents pièces d’or, pensa-t-il, et l’on ne se moquera pas de moi. »

Ce jour-là, Viroupâ fut encore plus triste que de coutume. Elle savait où son mari était allé. Elle pleura. Elle se dit :

« À quoi sert une vie aussi morne que la mienne ? Je n’ai jamais le moindre plaisir. Je suis pour mon mari un objet de dégoût. Et je ne puis pas lui en vouloir de me haïr : je suis laide, on ne me l’a jamais caché. Il n’est personne à qui j’aie donné de la joie. Mieux vaut m’en aller de la terre. Je me répugne à moi-même. La mort me sera douce. Je me tuerai. »

Elle prit une corde et se pendit.

Au parc de Jéta, le Maître, en ce moment même, se demandait : « Quels sont, aujourd’hui, ceux qui souffrent dans Çrâvastî ? Qui ai-je à tirer de la misère ? À quel malheureux irai-je tendre la main ? »

Et, par sa puissance divinatrice, il sut la détresse de Viroupâ. Il vola vers la maison de Ganga, il y entra. Viroupâ vivait encore. Le Maître détacha la corde qu’elle s’était mise au cou. Elle respira profondément, elle regarda