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Réponds, et au plus vite. Ton silence me tue. » Viçvantara, d’une voix pitoyable, parla : « Un brahmane est venu, il m’a demandé les enfants pour esclaves. — Et tu les as donnés ? acheva. Mâdrî. — Pouvais-je les refuser ? » Mâdrî tomba, inanimée, et elle fut longue à revenir à elle. Quand elle put se relever, elle eut des gémissements pitoyables, et elle disait : « Enfants qui m’éveilliez de mon sommeil, la nuit, enfants à qui je réservais les plus beaux fruits de ma cueillette, voici qu’un méchant vous emmène ! Je le vois qui vous fait courir, vous qui pouvez marcher à peine. Chez lui, vous souffrez de la faim ; on vous frappe brutalement. Vous travaillez dans une maison étrangère. Vous jetez des coups d’œil furtifs sur les chemins, mais vous ne voyez apparaître votre père ni votre mère. Et vos lèvres sont desséchées, vos pieds sont déchirés par les pierres aiguës ; le soleil vous flétrit les joues. Enfants, dans nos rudes souffrances, nous avions su vous protéger ; nous vous avions portés dans les déserts affreux : vous n’aviez pas souffert ; mais qu’allez-vous souffrir ? » Elle gémissait encore qu’un nouveau brahmane passa par la forêt. Il était vieux, et avait grand peine à marcher. Il fixa sur la princesse un regard chassieux, puis il s’adressa au prince Viçvantara : « Seigneur, je suis