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des montagnes un ascète qui vivait misérablement. Il était vêtu d’écorce, ne buvait que de l’eau et ne mangeait que des fruits sauvages et des racines. Il avait pour seul compagnon un lièvre. Ce lièvre savait parler comme les hommes, et il aimait à causer avec l’ascète. Il profitait de ses leçons et s’efforçait vers la sagesse. Or, vint une année de sécheresse ; les sources de la montagne étaient taries, et il n’y avait plus, aux arbres, ni fleur ni fruit. L’ascète ne trouvait plus à manger ni à boire ; il se déplaisait dans sa retraite, et, un jour, il jeta son vêtement d’écorce. Le lièvre le vit et lui demanda : « Ami, que fais-tu ? — Tu le vois, répondit l’ascète. Je ne veux plus de cet habit. — Eh quoi, reprit le lièvre, vas-tu quitter la gorge de la montagne ? — Oui. J’irai où il y a des hommes. Là, je recevrai des aumônes et je pourrai manger ; et la nourriture qu’on me donnera vaudra mieux que des fruits et des racines. » Ces paroles attristèrent le lièvre ; il était comme un enfant que son père abandonne, et il cria : « Ne t’en va pas, ami ! Ne me laisse pas seul ! Ne sais-tu pas, d’ailleurs, qu’on se perd à habiter dans les villes ? Seule est méritoire la vie solitaire de la forêt. » Mais l’ascète était inébranlable : il avait résolu de partir, il partirait. Le lièvre, alors, lui dit : « Tu veux quitter les montagnes, quitte-les donc ! Pour-