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LES TROPHÉES

Rêvaient, en arrivant au port de Panama,
De retrouver, espoir cupide et magnifique,
Aux rivages dorés de la mer Pacifique,
El Dorado promis qui fuyait devant eux,
Et, mêlant avec l’or des songes monstrueux,
De forcer jusqu’au fond de ces torrides zones
L’âpre virginité des rudes Amazones
Que n’avait pu dompter la race des héros,
De renverser des dieux à têtes de taureaux
Et de vaincre, vrais fils de leur ancêtre Hercule,
Les peuples de l’Aurore et ceux du Crépuscule.

Ils savaient que, bravant ces illustres périls,
Ils atteindraient les bords où germent les béryls
Et Doboyba qui comble, en ses riches ravines,
Du vaste écroulement des temples en ruines,
La nécropole d’or des princes de Zenu ;
Et que, suivant toujours le chemin inconnu
Des Indes, par delà les îles des Épices
Et la terre où bouillonne au fond des précipices
Sur un lit d’argent fin la Source de Santé,
Ils verraient, se dressant en un ciel enchanté
Jusqu’au zénith brûlé du feu des pierreries,
Resplendir au soleil les vivantes féeries
Des sierras d’émeraude et des pics de saphir
Qui recèlent l’antique et fabuleux Ophir.