Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il quitta son palais et sa ville natale. Il s’enfonça dans la solitude et se plongea dans la méditation. Il châtia durement son corps, et dut reconnaître que l’ascétisme ne lui servait de rien, l’éloignait même de son but, car la faiblesse de ses organes nuisait à l’intégrité de sa pensée. Enfin, au bout de sept longues années, un jour qu’il était assis au pied d’un figuier gigantesque, — les arbres jouent dans la légende bouddhique un rôle de premier ordre, — il se sentit soudain illuminé de la Bôdhi « l’inspiration », qui lui valut son nom et resta on surnom à cet arbre béni. Il vit clairement l’éternelle vérité et se leva pour la prêcher aux hommes.

Ses premiers pas dans la carrière furent autant de triomphes : tous les démons ligués contre lui essayèrent en vain de l’entraver, et les dieux en chœur, admirant ce mortel plus puissant qu’eux, chantèrent ses louanges. En vain, Mâra « la Mort » (masculin), entité qui répond au diable chrétien, souleva contre lui tous ses fléaux : ses ouragans les plus destructeurs n’agitèrent pas un pan de la robe du Bienheureux. En vain, ne le pouvant vaincre, il s’efforça de le tenter : il n’eut d’autre réponse qu’un vade rétro dédaigneux. Entouré de quelques disciples, Gôtama allait prêchant la douleur de vivre, et qu’elle procède de l’attachement aux objets des sens, qui procède de l’ignorance, et que bien connaître est la condition nécessaire du détachement absolu ; et c’était la son unique doctrine, faite de la