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LE THEATRE -<

quelques pas sur la scène, puis on s'arrête : « Nous voi.i au jardin », ou « Voyez comme le jardin esl beau », ou simplement le geste consacré de l'admi- ration des fleurs; et le changement à vue est opéré. Libre aux machinistes de sourire de ces naïvetés : il y a un moderne dont le théâtre en est tout cousu; il se nomme Shakespeare.

El -'m clown, son Falstaff, son grotesque enfin, vous le retrouverez aussi dans les pièces hindoues : dans toutes malheureusement, ce qui fait qu'il sent un peu le procédé : mais les bons dramaturges ont su lui ménager sa place traditionnelle dans l'action la plus sérieuse ou la plus noble, sans qu'il y fasse trop disparate à nos yeux. Jamais l'alliance du tra- gique et du comique, tant prônée par notre V. Hugo, n'a été plus systématiquement réalisée que dans les grands drame- de l'Inde classique : point de bonne pièce sans un vidùçaka qui L'égaie de temps à autre. C'est un brahmane, ami d'enfance du roi, qui lui témoigne et lui permet la plus grande familiarité : il a tous les dehors et tous les \ ices qui rendent ri dicule; il est laid, ignorant, poltron, gourmand, vo- lontiers entremetteur au profit de son auguste ami ; sol parfois, mais parfois d'une malice de vieux singe ; querelleur aussi, el les autres personnages, surtoul les suivantes, s'amusent de ses colères de dindon, ils ><■ gaussent de lui à journée faite, et puis tout a coup, contraste plaisant, - - quand surgit une occurrence qui leur rappelle sa dignité,

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