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sèment de la Belle », composé, dit on, pour distraire les loisirs d’une princesse amie des poètes, se divise, non en trois, mais en quatre livres, qui néanmoins correspondent aux trois Centuries : respectivement, gnomique, érotique, élégiaque et ascétique. On ce s’étonnera pas que, pour trouver du nouveau après tant de devanciers, il se soit vu contraint de verser plus avant qu’eux dans la préciosité : il alarme un peu notre goût; mais rarement il l’offense.

(I, 29) Le bien qu’avec si peu d’eau, ô jardinier, tu as, dans ta pitié, fait à cet arbre, pendant la saison chaude au soleil dévorant, maintenant dans la saison des pluies le nuage pourra-t-il le faire en déversant ses torrents de toutes parts ?

(I, 92) Il porte le fardeau de ses fleurs,de ses feuilles et de ses fruits, il endure la souffrance, il est le martyr de sa propre résignation, il sacrifie jusqu’à son corps, et tout cela pour le bien des autres : honneur a cet arbre, le plus respectable des bienfaiteurs !

(II, 18) Tandis qu’elle se tenait, le corps incliné, au milieu de ses parents 1, je la frappai doucement avec un bouton de lotus : alors elle me fit de la tête un geste qui agita légèrement ses pendants d’oreilles, les lianes mignonnes de ses sourcils se froncèrent, et elle me lança un regard de confusion.

1. Pour qui connaît La sévérité des mœurs hindoues cette jolie scène n’a pas besoin de commentaire : il s’agit des beaux parents de la nouvelle épousée, devant lesquels la plus respectueuse retenue est de rigueur ; encore tout au souvenir de la chambre nuptiale qu ils viennent de quitter, le jeune époux lui fait une douce agacerie, à laquelle elle répond par un gracieus et muet reproche.