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CHAPITRE II

LA POÉSIE GNOMIQUE


Les Hindous sont grands amateurs de sentences brèves et bien frappées, et le genre poétique dit Niti-Çâstra « règle de conduite » abonde dans leur littérature. On peut le diviser en deux variétés : ouvrages d’un seul tenant, attribués avec certitude ou suffisante vraisemblance à un auteur unique ; et recueils factices, compilés un peu partout, soit que le compilateur se donne ou non pour l’auteur. Mais il ne faudrait pas s’y tromper : les uns n’ont pas plus d’unité que les autres ; ils se sont tous épargné, comme La Bruyère, l’art difficile des transitions ; il serait fort oiseux de se perdre à la recherche de la suite d’idées qui aurait pu présider à l’enchaînement des sentences ; l’essentiel est que chacune soit vraie ou du moins spécieuse, piquante s’il se peut, et élégamment enfermée dans un quatrain au balancement symétrique.

On pressent, dès lors, et au surplus l’on a déjà vu que, tout en portant un nom spécial, ce genre ne