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Nous nous arrêtons ensuite à l’endroit où s’élèvent sur la gauche deux grandes stèles de granit noir séparées par une colonne. Ce double monument est consacré à la mémoire de M. SALADIN DE CANS, ancien conseiller d’état de la république de Genève, et d’Elisabeth Egerton, son épouse. On passe du côté où sont gravées les inscriptions pour arriver au modeste monument de GEORGES CUVIER, qui se trouve à quelques pas derrière la colonne Walther. Le célèbre législateur de l’Histoire naturelle repose à côté de son frère Frédéric, et a devant lui ses trois enfants et sa femme (43).

CUVIER fut un de ces grands génies qui apparaissent de loin en loin comme des flambeaux destines à éclairer les siècles. À sa voix, les habitants des anciens mondes sortirent de l’abîme où la main des événements les avait précipités ; il les reconstitua, et leur donna un nom, comme s’il eût assisté à la droite du Très-Haut durant cette longue nuit des âges où les créations surgirent du néant. En écoutant cette révélation magnifique, le monde crut assister à une répétition de l’œuvre des six jours.

Comme homme politique, Cuvier eut peut-être sur les lèvres trop le sourires pour trop de fortunes ; il fut ministre de l’instruction publique sous Napoléon, et se prononça, sous la Restauration, en faveur des cours prevotales établies surtout pour frapper les bonapartistes. Le torrent d’une réaction furieuse l’entraîna comme tant d’autres.

En 1832, le choléra vint traîner son linceul empoisonné sur Paris, et l’une de ses premières victimes fut Georges Cuvier. Sa mémoire et ses œuvres vivront autant que le monde, dont il a éclairé le berceau.

Revenus sur le sentier, nous nous dirigeons à travers les tombes vers la chapelle Donchin, qui se