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fille de Thibault, comte de Champagne, et mère du roi Philippe-Auguste, affectionnait particulièrement cette abbaye, qu’elle choisit pour le lieu de sa sépulture. Étant décédée le 4 juin 1206, son corps y fut apporté et inhumé devant le grand autel, dans un tombeau élevé de terre. La cérémonie eut lieu avec une grande pompe et un concours remarquable. Cette reine désirait tellement qu’on déposât ses restes mortels dans cette basilique, que son père avait bâtie, qu’elle avait obtenu une bulle du pape Innocent III, pour qu’on ne s’opposât pas à ses dernières volontés. L’opinion commune est que Thibault-le-Grand, son père, un des principaux fondateurs de l’abbaye de Pontigny, a reçu la sépulture dans cette maison, qui lui coûta tant de sacrifices, et pour laquelle il professait une vénération singulière. T. i, p. 3.Un grand personnage de la cour avait déjà été inhumé à Pontigny vers l’an 1159 : c’était le chancelier Algrin ou Algerin, chapelain de Louis VII et chanoine d’Estampe. Il avait été déposé dans le chapitre, sous une tombe de porphyre, avec cette inscription en latin « Ici repose dom Algrin, chancelier. »[1].

On comptait déjà bien des personnes illustres qui avaient reçu les honneurs de la sépulture dans l’abbaye de Pontigny. Le pieux empressement que les grands de la province apportaient à y faire transporter leurs dépouilles mortelles, est l’éloge le plus éclatant qu’ils aient pu faire de cette maison. Leurs dernières volontés, écrites long-temps d’avance sur

  1. Hic jacet dominus ALtGNy cancellarius.