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mier doit être le serviteur des autres ; commander et obéir sont deux conditions égales. Les premiers abbés qui ont honoré votre ordre ne se regardaient pas les supérieurs, mais les frères de leurs religieux, mais leurs inférieurs, puisqu’ils étaient obligé, par leur place, à pourvoir à la nourriture de leur âme et de leur corps. Tout récemment, ajoute le pape, des bruits désavantageux sont parvenus jusqu’à nous : l’or a perdu sa belle couleur et s’est couvert de rouille ; il y en a qui cherchent la prééminence, leurs intérêts, et non ceux de Jésus-Christ ; ils paraissent s’éloigner du chemin de la justice, et de cette simplicité qui a jusqu’ici distingué votre ordre. Nous vous en conjurons avec ce zèle dont nous brûlons pour l’ordre de Cîteaux, que notre siècle n’ait pas à vous reprocher la plus légère insubordination, et qu’il ne voie pas ternir votre bonne renommée. C’est pourquoi nous vous avertissons, nous vous exhortons charitablement par nos lettres apostoliques de marcher avec courage dans la carrière que vous avez embrassée si généreusement, afin de ne donner aucun sujet de scandale ; car si quelqu’un troublait votre ordre, soit en usurpant une autorité arbitraire, soit en refusant l’obéissance, nous le livrerions à la puissance de Satan, pour le salut de l’ordre. » Ces paroles du pape furent accueillies avec respect ; on garda le silence de part et d’autre, mais on ne demeura pas convaincu de la subordination réciproque qui devait exister entre les quatre premiers pères et l’abbé de Cîteaux. Nous ne comprenons plus tout l’intérêt et toute l’importance de ces discussions, qui ont agité l’ordre de