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de l’abbaye de pontigny.

T. i, p. 9. Ce fut pour les religieux de Grandmont que Pierre de Tournay écrivit sa belle épitre adressée à Pierre, alors prieur, et depuis abbé de Pontigny, qui commence ainsi « À Pierre, moine de Pontigny, chéri de Dieu et des hommes, moins grand par sa naissance que par la régularité de sa vie. » Ce fut pour imiter cette grande ferveur des moines de Pontigny, que Drogon quitta l’abbaye de Saint-Nicaise de Rheims pour venir embrasser tout de nouveau la règle et les statuts de Pontigny. L’abbé Hugues de Macon, l’ayant reçu sans la permission de son abbé, en fut fortement repris par saint Bernard, qui cependant avait une haute idée de la sainteté de Drogon, car il lui écrivit une lettre admirable, dans laquelle il loue son courage à se soumettre à une nouvelle observance. « Le bruit de vos vertus religieuses, et même de votre sainteté, lui dit-il, remplissait toute la ville : on ne croyait pas qu’il fût possible d’arriver plus haut dans la perfection chrétienne, et cependant vous quittez un monastère, seul, comme si vous abandonniez le siècle. Quoique vous soyez déjà épuisé par les œuvres de la pénitence, vous ne rougissez point de vous soumettre tout de nouveau à une observance plus rigoureuse. Nous voyons maintenant en vous, mon cher frère, la vérité de cette parole de l’écriture : L’homme déjà consommé dans la vertu, commence tout de nouveau à travailler à sa sanctification[1]. »

  1. Sanctum te ac religiosissimum tota civitas personabat, ita ut nihil tibi addi posse crederetur ex omnibus bonis, et tu velut è secularibus unus monasterium tanquam sæculum deserens, jum attritum Christi sareinâ collum, novæ rur-