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de l’abbaye de pontigny.

dans la personne desquels tout homme de bien se croit atteint, et des actions desquels les saints de la terre se rendent solidaires !

Saint Thomas regarda le monastère de Pontigny où l’on suivait la règle austère de Cîteaux, non comme un lieu d’exil,mais comme une retraite délicieuse et une école de pénitence, où il trouvait les moyens d’expier ses péchés. Il se soumit à toutes les observances de la communauté, s’assujettit même avec joie à remplir les fonctions les plus abjectes et les plus humiliantes. Il portait continuellement le cilice, prenait de fréquentes disciplines : comme on le servait à table selon son rang, il commanda au religieux qui avait soin de lui, d’apporter secrètement une portion de la communauté dont il faisait son repas : c’était le plus souvent des légumes secs et insipides. Sa santé ne put tenir avec un régime aussi sévère, il tomba malade et fut obligé de revenir à des alimens plus convenables.

Tandis que saint Thomas donnait à Pontigny l’exemple de toutes les vertus, le roi d’Angleterre menaça de chasser de ses états tous les religieux de l’ordre de Cîteaux, si l’abbaye de Pontigny ne renvoyait saint Thomas. Ce saint archevêque dit en apprenant cette nouvelle : Je serais bien fâché que l’ordre qui m’a reçu avec tant de charité souffrît quelque préjudice à mon occasion ; celui qui nourrit les oiseaux du ciel aura soin de moi et des compagnons de mon exil. Alors il se retira à Sens, dans le monastère de Sainte-Colombe, où il demeura quatre ans. Il sortit de Pontigny vers la Saint-Martin, en 1166, après y avoir demeuré deux ans. Comme