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la régularité et toute la grandeur que demandait son état présent. Il éleva une enceinte de murs qui renfermait quarante-deux arpens, dans laquelle se trouvaient l’église, les bâtimens de l’abbaye et le jardin cette vaste clôture se voit encore aujourd’hui. Ensuite il rebâtit le logis abbatial, le noviciat, le réfectoire, l’infirmerie, le logis des hôtes, c’est-à-dire les appartemens où l’on recevait les étrangers auxquels on donnait l’hospitalité : car la maison devait être ouverte aux pauvres, aux nécessiteux, aux étrangers et aux pèlerins. Il ajouta encore un chapitre, un parloir, qui fut dédié dans la suite à saint Guillaume, prieur de l’abbaye ; des cloîtres, un dortoir de cent sept pieds de longueur sur douze de largeur. Enfin il construisit à l’entrée de la cour, sur le grand chemin, un palais pour sa maison lorsqu’il voudrait passer quelque temps à l’abbaye. C’était l’usage alors dans les grands monastères d’avoir des appartemens pour recevoir les insignes bienfaiteurs même les princes et les rois. Souvent ces appartemens ne le cédaient pas en grandeur à ceux du monastère. Quoique l’histoire attribue toutes ces constructions au comte Thibault, on peut croire que les seigneurs voisins, et même simples chrétiens concouraient à la création de ces pieuses merveilles. Tous voulaient contribuer à la construction des édifices ; les ouvriers eux-mêmes, chacun selon son art, offraient une part de leur travail ; l’édifice terminé était cher à tous, car il était l’œuvre de tous et l’on aurait peine à comprendre l’exécution rapide d’une si vaste église et de tant de bâtimens, sans les efforts combinés d’un zèle unanime et d’un concours universel.