Page:Henry - Histoire de l'abbaye de Pontigny.pdf/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
31
de l’abbaye de pontigny.

rendu avec Étienne, prieur, trois chanoines et trois frères convers. Ces deux maisons, les plus puissantes de la contrée, divisent entre elles, sans opposition, des pâturages qui s’étendent à plus de dix lieues du midi au nord, sur une pareille étendue du levant au couchant.

ii, p. 159

Dans un accord passé en 1155 entre Norpaud, abbé de Vauluisant, et Guichard, abbé de Pontigny, il fut convenu que les maisons bâties entre Sevie et Cérilly seraient démolies ; qu’il ne serait permis à personne d’en construire de nouvelles ; qu’on pourrait édifier, pour un an seulement, des cabanes pour les bergers. Après avoir indiqué les pâturages respectifs des deux maisons, ils ajoutent que si un frère convers enfreint leur convention, c’est-à-dire s’il conduit son bétail dans les pâturages de l’autre monastère, il jeûnera trois jours au pain et à l’eau. Si le prévaricateur est séculier, il sera frappé ou chassé. Si le maître d’une grange a connaissance d’un pareil délit, et qu’il n’y apporte pas de remède, il subira la même peine.

Les abbés des différens monastères avaient coutume alors de construire des bergeries, dans les prairies éloignées de leur maison, et d’y envoyer des frères convers pour avoir soin du bétail. Si les paroisses voisines étaient à une trop grande distance, ils bâtissaient des chapelles où ces frères allaient entendre la messe. Plusieurs paroisses ont dû leur origine à ces circonstances. L’exemple des religieux stimula la cupidité des seigneurs et l’indolence des serfs ; ils voulurent aussi avoir quelques troupeaux de bétail, et reprirent la jouissance d’une partie de ces prairies qu’ils avaient dédaignées.