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histoire

Le sol de nos campagnes est encore couvert de monumens, à l’aide desquels on peut discerner les principaux traits de l’histoire de nos pères. Les traces de ces routes anciennes, ces vestiges de campemens que l’on remarque çà et là, attestent le passage et le séjour des Romains. Les tombeaux en pierre, que l’on découvre au sein de la terre, prouvent que ces mêmes lieux étaient habités i] y a plus de douze cents ans. Les restes de ces châteaux de la féodalité, entourés de fossés profonds et de murs épais garnis de meurtrières ; les villes avec leurs fortes murailles, leurs rues étroites et sinueuses, annoncent la méfiance, la discorde, la guerre et ses dangers. Au sein des villes, des bourgs et des villages s’élève toujours l’église, couronnée du symbole de la croix, devant laquelle les vainqueurs de Rome ont fléchi le genou. On remarque encore, au milieu des champs, les restes du vaste et silencieux monastère, consacré comme l’église, depuis tant de siècles, à une religion de paix, d’union et de miséricorde, asile ouvert aux faibles et aux malheureux contre la force et l’oppression.

Nous découvrons partout cette religion sainte, qui a adouci les mœurs des féroces vainqueurs des Gaules, qui a rapproché les peuples, qui a versé dans les âmes un baume consolateur, en attendant l’époque où maîtresse des cœurs, dirigeant toutes les volontés, elle briserait les fers de l’esclavage et éteindrait peu à peu les feux de la discorde.

C’est ainsi que les dévastations de 1795 rappelleront à nos neveux la chute des anciens châteaux, la suppression des établissemens religieux, et tout le