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histoire

Jean-Baptiste Colbert, en 1675. Les seigneurs de Seignelay ne semblaient le conserver qu’à cause des souvenirs historiques qu’il rappelait dans la contrée. Il fut vendu et démoli en 1795. On ne peut s’empêcher de regretter ces débris imposans d’un autre âge. Il fallait une époque barbare pour vendre comme bâtiment propre à la démolition un monument auquel se rattachaient des événemens qui ont leur importance dans notre histoire. Chaque jour fait disparaître les vestiges de ses ruines, dérobées jusqu’ici au marteau mercenaire du maçon. En 1558, lorsque les Anglais se furent emparés de Ligny-le-Châtel et de son château, Leb., Mém., t. ii, p. 227. ils attachèrent assez d’importance à cette possession pour l’excepter du traité par lequel ils rendirent la ville d’Auxerre. Ce ne fut qu’au bout de deux ans et demi que le roi d’Angleterre consentit à remettre cette place au roi de France.

En 1366, le chapitre de Langre, comme curé de Ligny, fit construire dans cette ville une église dont une grande partie subsiste encore[1]. Cet édifice nous donne une idée du goût grossier qui précéda ces conceptions sublimes et hardies que le génie du christianisme enfanta depuis, et qu’il avait déjà montré dans l’érection des cathédrales. Les deux bas côtés de cette ancienne église ont chacun onze pieds de largeur ; les piliers carrés sont à huit

  1. On lit cette inscription au-dessus de la porte latérale : 1.3.6.6. HOC. ORATORIVM. FIERI. CVRAVIT. IO. CANTORIFS. PRIM. C’est-à-dire, Jean, premier chantre (de l’église de Langres), a dirigé la construction de cet oratoire en 1366.