Page:Henry - Histoire de l'abbaye de Pontigny.pdf/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
239
de l’abbaye de pontigny.

plus tranquille, aimant mieux obéir dans un cloître que de commander dans leur diocèse. Que d’hommes remplis de l’esprit de Dieu sont sortis de cette maison pour porter la bonne odeur de Jésus-Christ dans les différentes parties de l’Europe. S’il est permis à une province, à une ville, de revendiquer les grands hommes qui sont nés dans son sein, que de savans et saints personnages, formés à la science et à la vertu dans l’école de Pontigny, ont illustré nos contrées qui les avait vus naître ? Si l’histoire de ces temps héroïques fût parvenue jusqu’à nous, que de beaux exemples elle présenterait à notre émulation !

Ces richesses que l’on a reprochées ou plutôt enviées à l’abbaye de Pontigny, n’étaient-elles pas toujours prêtes pour secourir une calamité nationale ? Dans un malheur public, dans un temps de peste, dans une famine, n’a-t-on pas vu ces trésors s’ouvrir ? n’a-t-elle pas engagé les vases de l’autel pour nourrir les pauvres, pour repousser l’ennemi commun ?

Après la dispersion des religieux, en 1790, les comités révolutionnaires mirent l’abbaye au pillage : ces forêts magnifiques, ces prés, ces étangs, ces vignes, ces immenses propriétés dont la piété des siècles passés s’était plu à la doter, devinrent la pâture des Vandales qui gouvernaient la France. Les bâtimens de l’abbaye et ses dépendances furent démolis jusques aux fondemens. Tandis que cet édifice, digne du crayon de l’artiste et de la description du savant, s’écroulait de toutes parts[1],

  1. Le plan de l’abbaye manque à l’histoire ; je n’en ai pu découvrir de traces que dans le souvenir des anciens, alors quelle