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de l’abbaye de pontigny.

Je ne dois pas passer sous silence le concours extraordinaire qui se fit à Pontigny, cette même année 1825, le lendemain de la Pentecôte, jour où l’on célèbre ordinairement la fête de saint Edme, quoiqu’elle arrive le 16 novembre. Son corps, que l’on voyait dans une chapelle ardente, attira une foule immense. On assure qu’il s’y trouva plus de dix mille personnes. Un orage inattendu vint bientôt mettre fin à cette réunion, qui rappelait les beaux temps de l’abbaye. Tout-à-coup, à quatre heures et demie du soir, le ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, une grande pluie commence à tomber et se prolonge jusque dans la nuit. Lorsque les auberges et les maisons des particuliers furent remplies, le reste de la foule s’écoula le long des chemins ; les uns allèrent coucher dans les villages voisins, les autres marchèrent une partie de la nuit ; car on y était accouru d’Auxerre, de Joigny, de Brienon, de Saint-Florentin, de Seignelay, de Ligny-le-Châtel, de Chablis et des villages d’alentour.

L’abbaye de Pontigny fleurit six cent soixante-seize ans. Son histoire n’est pas sans nuages, parce que les abus sont inséparables de toutes les choses humaines. Cependant, quel tribut de reconnaissance ne mérite pas cette maison que la religion seule pouvait montrer à nos pays ? Dès sa naissance, elle acquit cette prépondérance imposante que donnent l’indépendance temporelle, la noblesse des sentimens de la religion et la protection des rois. On l’a vue, investie de toute la confiance des grands, servir de pacificateur et d’arbitre entre eux et les peuples ; on l’a vue chargée des présens qu’elle recevait des rois,